L'oeuvre : "Sappho" 1852
On ne saurait cependant réduire son style à la simple introduction d'un aimable sensualisme dans le répertoire antiquisant : le drame douloureusement contenu et sourdement palpitant de Sappho (1852) en apporte une confirmation exemplaire. Certes la figure allie noblesse du marbre et dignité du sujet, mais la netteté de la construction, le caractère farouche du geste, l'intensité méditative de l'expression lui donnent soudain une présence et une intériorité intense : la poétesse antique Sapho, désespérée, songe au suicide.
Tout montre ici que Pradier reste un artiste ambivalent, aux talents multiples. Tôt reconnu par l'Académie, il n'hésite pas à explorer les voies du romantisme, comme dans ce sujet emprunté à la littérature. Il fut lié à Victor Hugo et plusieurs fois soutenu publiquement par lui. Sapho était exposée au Salon, en 1852, lorsque le sculpteur mourut subitement : elle fut alors recouverte d'un voile noir, et la médaille d'honneur de l'exposition fut attribuée à l'artiste à titre posthume. Source Musée d'Orsay.
La fonderie d'Art Susse : Depuis 1841
Les deux frères Susse, Nicolas et Victor, commencèrent par commercialiser des petits bronzes dans leur papeterie du passage des Panoramas à Paris. On trouve trace de leur nouvelle activité de fondeurs d'art en 1839, ils éditent un petit catalogue de leur production. C'est leur premier contrat important avec un sculpteur de renom, James Pradier, qui lance en 1841 leur entreprise.
Sappho est une poétesse grecque de l'Antiquité qui a vécu aux 7ème siècle et 6ème siècle av. J-C, à Mytilène sur l'île de Lesbos.
Poème : « Il me paraît égal aux dieux
Celui qui près de toi s'assied,
Goûte la douceur de ta voix
Et les délices
De ce rire qui fond mon cœur
Et le fait battre sur mes lèvres.
Sitôt que je vois ton visage,
Ma voix se brise,
Ma langue sèche dans ma bouche,
Un feu subtil court sous ma peau,
Mes oreilles deviennent sourdes,
Mes yeux aveugles.
Mon corps ruisselle de sueur,
Un tremblement me saisit toute,
Je deviens plus verte que l'herbe.
Je crois mourir... »